Entretien avec Suzanne Dracius : La Kalazaza Gréco-latine in "Women in French Studies"

par Carole Edwards
jeudi 9 février 2012
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Carole Edwards, Associate Professor of French in CMLL, a publié un article intitulé "Entretien avec Suzanne Dracius : La Kalazaza Gréco-latine" dans la revue Women in French Studies (Winter 2011) : 120-32.

ENTRETIEN AVEC SUZANNE DRACIUS :
LA KALAZAZA GRÉCO-LATINE

Carole Edwards

(Extrait - L’incipit)

Écrivaine martiniquaise née à Fort-de-France le 21 août 1951, dans une famille de mulâtres, Suzanne Dracius a grandi en Martinique. Professeure de Lettres Classiques à l’issue d’études au lycée Marie-Curie de Sceaux (Hauts-de-Seine), puis à la Sorbonne (Paris IV), elle a enseigné à Paris ainsi qu’à l’Université Antilles-Guyane et aux USA à l’University of Georgia (en 1995) et à l’Ohio University (printemps 2006) en tant que « visiting professor ». Auteur d’un roman, L’Autre qui danse (Seghers, 1989), finaliste du Prix du Premier Roman, de plusieurs nouvelles, « De sueur, de sucre et de sang » (Le Serpent à plumes, 1992), Rue Monte au ciel (Desnel, 2003), d’une pièce de théâtre, Lumina Sophie dite Surprise (Desnel, 2005 ; Médaille d’Honneur de Schoelcher pour la Journée de la Femme) et aussi de poèmes, Exquise déréliction métisse (Desnel, 2008 ; Prix Fetkann Poésie 2009), elle a également coordonné des anthologies d’inédits, dont Hurricane, cris d’Insulaires (Desnel, 2005 ; Prix Fetkann 2005). Elle a par ailleurs été mise à l’honneur comme « fanm doubout » (décembre 2009) .

Romancière et dramaturge, elle se pose comme symbole et triomphe du métissage grâce à la richesse de son écriture et à son style singulier. Ses lecteurs reflètent la diversité qu’elle-même incarne : femmes ou hommes, jeunes ou âgés, blancs ou « de couleur », de niveaux sociaux variés et de diverses catégories sociales, de France, de Martinique, des Antilles en général et de pays francophones, notamment du Québec. Sa langue, généralement soutenue, demeure accessible, en prose comme en poésie : « [son] langage est étonnant. Il peut foisonner de mots emblématiques et précieux pour retomber ensuite dans l’appel de la familiarité. La formation classique de cette poétesse lui permet sans doute de changer de registre langagier avec l’aisance et la saveur de quelqu’un qui vit le métissage à travers les strophes et les cadences rythmiques » (Blanco, Cultures Sud). Actuellement de plus en plus connue du grand public, Suzanne Dracius a été révélée en 1989 par un premier roman L’autre qui danse (réédité aujourd’hui en poche aux éditions du Rocher). En 2010, Suzanne Dracius reçoit le prix de la Société des Poètes Français — prix de la fondation Jacques Raphaël Leygues pour l’ensemble de son œuvre. À la Comédie Française New York, sa pièce Lumina Sophie dite Surprise a été représentée en août 2010. La question du métissage est le leitmotiv de son œuvre. Dans son collectif sur l’auteur, Yolande Helm explique que « Suzanne Dracius retourne l’arme de l’ennemi contre lui-même en déconstruisant sa grande théorie par un procédé facétieux, comme un contre-jour à la "dé-mesure" du discours raciste. Les rapports de force sont ainsi renversés et déconstruits » . Dans ces propos recueillis en juin 2010, elle éclaire la critique sur sa position dans la littérature antillaise et sur ses propres œuvres.

– Carole Edwards : Vous vous dites une kalazaza gréco-latine désencagée. Désencagée certes mais pas désengagée. Quel est votre rôle dans l’avènement de la mémoire antillaise ?

– Suzanne Dracius : À vrai dire, ce n’est pas moi qui me décrète kalazaza.
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"Entretien avec Suzanne Dracius : La Kalazaza Gréco-latine" in "Women in French Studies"