Fables revues par Suzanne Dracius Article de Marie-Line Ampigny (France-Antilles)

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Les Fables de La Fontaine revues par Suzanne Dracius

Pour ceux qui aiment rire et réfléchir...
Jean de La Fontaine est l’un des fabulistes français les plus connus à travers le monde, car l’une de ses qualités majeures réside dans l’universalité de ses histoires et surtout de ses morales.
Suzanne Dracius a eu la bonne idée de les implanter dans notre mode de vie créole... Elle ne s’est pas contentée de les traduire, mais les a complètement immergées dans notre univers caribéen, dans un cadre singulier, entouré de personnages prenant des allures et des attitudes pittoresques. Et cet univers-là, le nôtre, leur sied parfaitement... Car la romancière-poète a su restituer avec justesse, avec style et sensibilité ce qui fait les délices des fables de monsieur de La Fontaine. Qu’est-ce à dire ? Sa malice, son espièglerie et surtout cette terrible faculté de trouver l’homme en l’animal et vice-versa... Il en résulte que chacun des préceptes concluant une de ses fables semble relever du domaine public ou une vérité première. Ce qui fait aussi que La Fontaine est aussi actuel, c’est peut-être, ou plutôt sans nul doute qu’il s’est inspiré d’autres temps et d’autres lieux, et de plus ancien que lui. Parmi ces sources, Suzanne Dracius cite deux esclaves, Phèdre et Esope (latin et grec), ainsi que des poètes romains Horace et Martial.
Et ensemble, leurs « puérilités » ont traversé le temps, marqué les esprits des petits et des grands, participé aux éducations et engrangé des fous rires ou des peurs...
Savoureuse pédagogie en coloris choisis.
Citons parmi les succès de La Fontaine revisités en langue créole par Suzanne Dracius : « Le petit poisson et le pêcheur », « Le pot de terre et le pot de fer », « Le meunier, son fils et l’âne », « La laitière et le pot au lait »...
Pour nous prévenir de toute avarice et de toute jalousie, pour nous inciter à garder patience, pour nous appeler à la prudence, pour nous éviter la fatuité des vanités, La Fontaine n’a pas manqué d’imagination.
Et notre langue créole qui ne manque ni de sagesse,ni de saveur pimentée, de philosophie populaire, de bon sens, traduit parfaitement les petites batailles quotidiennes auxquelles se livrent le bien et le mal, sous les cocotiers ou au bord de nos rivières tropicales. Les illustrations chatoyantes sont signées Choko, un dessinateur qui ne restera pas longtemps inconnu.
Un crayon trempé dans le talent !

Marie-Line Ampigny
France-Antilles. 15/04/06
Fables de la Fontaine. Ed. Desnel 23,80 euros.

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