Suzanne Dracius invitée au 1er Parlement des écrivaines francophones à Orléans du 26 au 28 septembre 2018

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Suzanne Dracius invitée au premier Parlement des Écrivaines Francophones du 26 au 28 septembre 2018 à Orléans.

Thématiques :
Le corps des femmes, le harcèlement, les fatwas misogynes
La question migratoire nous intéresse aussi…
Avant l’écrit, l’école : problématique de l’éducation, notamment des filles
Les guerres, les réfugiés
Les femmes, un salut pour la Terre ? Les femmes et le sort de la planète…

Mercredi 26 septembre de 20 h à 23 h 30 : Lecture de textes au FRAC Centre Val de Loire, Boulevard Rocheplatte
avec Suzanne Dracius

Programme détaillé :
https://fr.calameo.com/read/00011393863c15d4a97b5

https://www.facebook.com/events/233167757542663/

Articles :
 Sur Tv5 Monde

https://information.tv5monde.com/terriennes/venues-des-cinq-continents-70-femmes-reunies-pour-le-1er-parlement-des-ecrivaines

 Dans Le Monde

https://mobile.lemonde.fr/idees/article/2018/09/28/manifeste-du-parlement-des-ecrivaines-francophones-liberte-egalite-feminite_5361681_3232.html

TEXTE DE SUZANNE DRACIUS SUR LE PARLEMENT DES ÉCRIVAINES FRANCOPHONES :

Pour ce Parlement dans l’entendement, fort de nos malentendus, riche de toutes nos différences, pour cette visibilité et cette lisibilité accrues de nos regards respectifs – respectables quoique féminins –, bravo et merci !
J’ai cependant déploré que Sappho, la troublante poète grecque de l’Antiquité, n’ait pas été citée, – elle qui pose non seulement le problème du statut infériorisé de l’écrivaine mais aussi celui de l’homophobie –, et que, dans le manifeste, ait été omis le nom d’Aristophane, auteur de LYSISTRATA, pièce où les femmes décident de faire la grève du sexe pour dissuader les hommes de faire la guerre. Alors qu’Athènes et Sparte sont en guerre , Lysistrata et ses compagnes se révoltent : elles veulent avoir leur mot à dire en politique et obliger les hommes à faire la paix :

LYSISTRATA - Nous, durant les premiers temps de la guerre, nous avons, avec la modération qui est nôtre, tout supporté de vous, les hommes, quoi que vous fissiez, car vous ne nous permettiez pas d’ouvrir la bouche. Et pourtant, vous n’étiez pas précisément pour nous plaire ; mais nous, nous sentions bien ce que vous étiez, et maintes fois, étant chez nous, nous apprenions vos résolutions funestes sur une affaire importante. Alors, bien qu’affligées au fond, nous vous demandions avec un sourire : "Qu’a-t-on décidé d’inscrire sur la stèle au sujet de la paix, à l’Assemblée d’aujourd’hui ?" _" Qu’est-ce que cela te fait ?" disait le mari, "tais-toi". Et je me taisais.

CLEONICE - Oh ! mais moi, jamais je ne me taisais.

LE COMMISSAIRE - Alors, qu’est-ce que tu prenais si tu ne te taisais pas !

LYSISTRATA - Aussi, moi, me taisais-je. C’était, d’une fois à l’autre, quelque pire résolution que nous apprenions de vous, et nous demandions : "Comment pouvez-vous, mon homme, agir avec si peu de sens ?" Mais lui, aussitôt, me regardant en dessous, de me dire : "Si tu ne tisses pas la toile, la tête te cuira longtemps. "La guerre sera l’affaire des hommes".(1)

LE COMMISSAIRE - Il avait raison, par Zeus, celui-là.

LYSISTRATA - Raison ? Comment, malheureux ? Vous preniez des résolutions funestes, et il ne nous était même pas permis de vous conseiller ? Mais quand nous vous entendions publiquement dire dans les rues : "N’y a-t-il pas un homme dans ce pays ?" et un autre répondre : "Non, par Zeus, il n’y en a pas", alors nous résolûmes sur l’heure, dans une réunion de femmes, de travailler de concert au salut de l’Hellade. Car, qu’aurait servi d’attendre ? Si donc vous voulez écouter à votre tour, quand nous vous conseillons sagement et, à votre tour vous taire, comme nous vous faisions, nous serions un correctif pour vous.

LE COMMISSAIRE - Vous, pour nous, C’est trop fort, ton langage m’est intolérable.

LYSISTRATA -Tais-toi.

LE COMMISSAIRE - Me taire pour toi, maudite ? Pour toi qui portes un voile sur la tête ? Plutôt cesser de vivre.

LYSISTRATA - Si c’est là ce qui t’arrête, je te le passe, ce voile, prends-le, tiens, et ceins-en ta tête, puis tais-toi.

CLEONICE - Prends encore ce fuseau, et la petite corbeille que voilà. Puis rassemble les plis de ta ceinture et file la laine en croquant des fèves. "La guerre sera l’affaire des femmes."

Aristophane (2), Lysistrata, en 411 avant J.-C

(1) parole d’Hector à Andromaque, Iliade VI, 492
(2) poète comique grec (450-445 av J.C – 385 av J.C)

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