Conférence "GUERRE ET PAIX AU FÉMININ PLURIEL" au Salon du Livre de Pointe-à-Pitre samedi 24 avril 2004 à 11H

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GUERRE ET PAIX AU FÉMININ PLURIEL

Conférence samedi 24 avril 2004 à 11H

Incipit :

En relation avec la thématique du Salon du Livre de Pointe-à-Pitre pour cette année, je me suis intéressée plus particulièrement à la Femme face à la guerre comme en temps de paix, dans la société des hommes, étant moi-même du sexe dit « faible » : on n’est jamais mieux servi que par soi-même ! (mais, que dis-je, la Femme ! ? Les femmes ! Tant il est vrai que, bien qu’étant femme moi-même, je reste souvent interdite devant le mystère de ce qu’il est convenu d’appeler « l’éternel féminin »), au mépris des clichés et des idées toutes faites, puisque la thématique d’ensemble était « La guerre, la paix », deux termes antithétiques et tous deux féminins, au demeurant, en langue française, alors qu’en latin, par exemple, le mot guerre est neutre (bellum), tandis que le mot paix est féminin (pax), de même qu’en grec, où paix se dit eirênê, joli mot qui a donné le prénom Irène, tandis que polémos est un nom masculin, ce qui se conçoit volontiers, puisque la guerre, généralement, ce sont plutôt les hommes qui la font. Aussi ai-je intitulé cette petite conférence GUERRE ET PAIX AU FÉMININ PLURIEL, avec un clin d’œil au grand écrivain TOLSTOÏ (Russe pour Russe, j’aurais préféré en faire un au mulâtre POUCHKINE, mais ce sera pour une autre fois).

Depuis la nuit des temps, ou en tout cas au moins depuis les temps homériques, le rôle des femmes dans les conflits armés est équivoque et ambivalent, mais jamais dominant. De la belle Hélène de "l’Iliade", dont le rapt par le beau Pâris aurait provoqué la guerre de Troie, jusqu’à nos jours, la femme tient le rôle subalterne d’élément perturbateur, d’enjeu des guerres, d’auxiliaire des combats et de repos du guerrier. La guerre n’était pas leur affaire, ou alors de façon passive, reléguées au second plan, dans des rôles secondaires, ou encore plus mythiques que ceux des héros de l’épopée, telle que le mythe des Amazones, et, dans ce cas, ces guerrières se caractérisent par une attitude à la fois anti-homme (il faudrait inventer le mot misandre, en parallèle à misogyne), et gênées par leur propre féminité, puisqu’elles se coupent un sein pour mieux pouvoir bander leur arc. Il y a donc là une folklorisation, une marginalisation quelque peu ironique de l’ Amazone (intéressant de voir que le destin de ce mot Amazone lui a donné, dans les temps modernes, le sens de prostituée de haut vol, ou péripatéticienne motorisée, ce qui dégrade et dévalorise encore davantage l’image de la femme guerrière, laquelle n’est guère prise au sérieux.

Parallèlement, l’image de la vertu féminine renvoie à la passivité de celle qui, comme disait Apollinaire, « D’attente et d’amour yeux pâlis », espère le retour glorieux de l’époux auréolé de victoires. De la Pénélope de "l’Odyssée" aux "marraines de guerre" particulièrement idéalisées lors des deux guerres mondiales de la première moitié du XX è siècle), les exemples ne manquent pas. Et elle commet le crime suprême, la Clytemnestre qui assassine son mari Agamemnon à son retour de Troie.

Cependant se dessinent, au fil du temps, plus près de nous dans l’espace et dans le temps, de hautes figures féminines animées d’une fervente volonté de résistance : en Haïti se dresse l’impressionnante stature d’Anacaona, reine guerrière qui tint tête aux Conquistadores à Léogane. Mais, depuis Anacaona, on ne voit guère de figure féminine héroïque sacralisée en Haïti. Que sait-on de la compagne de Toussaint-Louverture, qui se prénommait Suzanne (tiens, un air de connivence !), et de la redoutable Défilée la Folle ? Leur héroïsme n’a guère marqué les mémoires.

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